Bon, on retourne sur le GR20?
On quitte le refuge d’Asinau, mon blond d’Ami, le Kid et moi, en abandonnant des chevaux.
« T’as un cheval ? » Comme dirait Albert Gibson à Harry Tasker dans True Lies.
Non, pas les nôtres. Ceux qui servent au ravitaillement des refuges et à la livraison du courrier. Et je te promets que j’en ai vu un avec des colis Chronopost sur le dos. Et voilà, je suis un mytho, si tu veux.
Allez, arrêtons de perdre du temps, on vient de terminer une étape, il nous en reste 1 (ou plus) pour être dans notre timing.
L’ascension de l’Incudine fait un peu mal à mon organisme.
Peut-être que je devrais manger un peu plus que des parts pour enfant le soir et des amandes ou banane séchées le midi.
« Tu tiendras. » Me dit mon corps par le biais de ma pensée.
Ce n’est plus de la montée, parfois. C’est de la petite escalade.
Les bâtons de randonnée sont efficaces (Patricia).
Ca grimpe, ça grimpe de plus en plus.
A contrario, on grimpe, on grimpe de moins en moins vite.
Il fait plutôt beau et l’effort nous réchauffe à la manière d’un feu de joie. (Elle est à toi cette chanson, toi… Tu connais la suite.)
Les gens qu’on croise ont tous une estimation différente du temps qu’il nous reste pour atteindre le sommet.
Oh! Faudrait vous accorder! Entre 20 minutes et 2 heures, il y a un gap ! Bordel! (Booba)
En fait, je ne sais pas trop combien de temps on a mis pour grimper au sommet, mais la vue vaut l’effort mon coco!
Un panoramique à 360° à faire pâlir d’envie le futuroscope.
On n’est pas au sommet du monde non plus, mais de notre point d’observation, on peut voir les deux côtes (De porc ? Merde, déjà fait !)
On a une vue sur la côte ouest (Comme la série) et sur la East Cost (Essaye de faire le signe, pour faire le mec Thug, avec tes doigts) de la Corse.
On voit la mer, on voit les rivages, on voit les vallées et d’autres montagnes.
Quadriple hit combo !
« Kallisté wins. »
Tant que je m’émerveillerai devant quelque chose de simplement complexe comme les paysages de la Corse, j’en parlerai!
Non, vous n’arriverez pas à me faire taire ! Je suis libre!
Bon sang de bonsoir! J’aperçois le golfe où j’ai ma maison ! Avec une bonne vue d’aigle peut-être que je pourrai voir…
« T’as pas une vue d’aigle, donc cherche pas. »
Après le sommet, le terrain est plus roulant, du gazon, de la moquette naturelle même.
Nous traversons des Pozzines verdoyantes.
On devine que les cochons sauvages et autres animaux, viennent s’y détendre.
Et bah tiens! Regarde! Ils sont super décontractés!
On assiste à une petite partouze de cochons.
Choupinets ces coïts !
Je suis venu sur ce plateau quelques semaines auparavant et déjà ces gentlemen de cochons se laissaient aller à quelques parties fines.
« C’est peut-être un lieu libertin pour les cochons coquins ou simplement curieux. Eux aussi ont le droit à une vie intime, flûte ! »
Et bah ce que je vois, je trouve ça beau. C’est la nature après tout, la nature sauvage.
On descend jusqu’au refuge de Croci.
Mon peroxydé d’ami, se prend un sandwich au saucisson pour le goûter. Un truc de 2 kg!
Je suis très chaud pour continuer.
On s’auto-analyse ?
On est pas mal physiquement, plutôt mignon.
Mais non ! On se sent bien dans notre corps, pas trop fatigués, on est motivés.
Le temps est propre. Je veux dire qu’il ne fait pas moche, il fait doux voir bon. (Baiser de Russie.)
Alors, fonçons!
Le kid, est parti de Paliri ce matin, il a donc le double dans les jambes par rapport à nous.
Après une réflexion de 1 seconde, il vient avec nous.
Après une marche que je qualifierai de balade peinarde, parce que c’est vraiment tranquille, on arrive sur une plaine.
Et là… Et là, je suis époustouflé par le spectacle. C’est féerique. Encore une fois je vais te parler de quelque à l’ambiance cinématographique mais le décor s’y prête.
Imagine, une plaine recouverte d’herbe bien verte. Genre la couleur de la pelouse du « Parc des princes » ou couleur billard si tu préfères. Quelques grands arbres majestueux à la robe fournie ont poussé de façon espacée, comme pour laisser de la place à nos regards. Cette plaine descend tendrement vers un court d’eau au débit aussi doux qu’une caresse. On dirait un miroir en mouvement. L’eau y semble si fraîche. Un arbre ancien qui fait son temps de vivant, blanc comme de l’ivoire, s’est étendu jusqu’à fleureter délicatement avec la surface, comme s’il n’osait toucher l’eau que du bout des doigts. Le soleil commence à descendre et, entre deux collines lointaines, glisse des rayons qui viennent se refléter sur ce ruisseau. On dirait que le soleil a jeté un nuage de paillettes argentées. C’est dans ce cadre un tantinet fantasmagorique que quelques paisibles chevaux sauvages, d’une couleur pure, à la crinière et aux poils brillants viennent se désaltérer.
Alors, alors ? Ça vaut pas le coup de marcher et de lutter un peu ?
Ouais, ouais, ouais.
On reprend notre périple après avoir admirer un moment l’endroit dont je t’ai parlé juste au-dessus.
En suivant un chemin assez plat, on arrive à un autre refuge, celui de Matalza.
On a encore du jus (De viande).
On continue.
Peu de temps après, on arrive à une petite auberge, celle de Basseta.
On a encore du jus (Lien Lepers).
On ne continue pas.
Bah pourquoi? T’as envie de me demander.
Parce que l’étape d’après est trop longue pour qu’on la commence à cette heure.
Voilà, tu sais tout.
On dormira dans des tentes ce soir après une douche chaude. Et après?
Il prévoit un orage.
…
P.A.R.F.A.I.T.
Je mange mes nouilles à l’eau chaude et au curry, en me faisant insulter par le patron du refuge (à qui j’ai demandé de l’eau chaude) et en bavant devant le veau du Kid. C’est une image, je ne bave pas vraiment.
On échange avec le boss (Du refuge). Il est génial ce type atypique.
Sans vouloir nous inquiéter, il nous explique que la suite du parcours risque d’être fortement compromise.
Pourquoi diantre le serait-elle ?
Parce que ce satané orage prévu cette nuit va se prolonger le lendemain sur les crêtes. Et si orage il y a, il vaut mieux être partout ailleurs que sur les crêtes. En plus de la pluie, du vent, du risque de tomber, il y a aura un risque d’attirer la foudre, puisque nous serions les paratonnerres de la Corse du sud, au plus haut avec nos bâtons métalliques.
Pour le grand maître (Gims) du refuge et d’autres Corses, nous nous exposons à un gros risque en prenant les crêtes par temps foudroyeux,(Un temps sujet à la foudre quoi, normal.) n’étant pas fait du même alliage que Tornade des X-Men qui elle aurait,pour sûr, pris les crêtes sans pression. Beaucoup de X-Men auraient pris les crêtes.
Je vais arrêter le suspense, nous ne sommes pas des X-Men.
Nous verrons demain comment seront les conditions météorologiques.
Comme dirait Jack Slater : « T’as des doigts ? Croise en un max. »
Je passe une nuit comme je les aime, bien fraîche, humide. Bah non, j’aime pas ça!
L’orage qui s’abat sur nos pauvres toiles de tente ne me dérange pas vraiment, mais la température que j’ai envie de qualifier de vraiment fraîche m’empêche de fermer les yeux.
Ouais, ouais, les yeux ouverts que j’ai passé la nuit, j’ai dormi comme Gandalf. A tel point que quand mon réveil a sonné, j’avais l’impression d’avoir deux yeux en verre.
« T’aimes les comparaisons louches et Le seigneurs des anneaux toi, petit pitre. »
Je te passe les détails du réveil, lavage de chicots et du reste, pour en venir à la question que tout le monde se pose dans cette salle: « Où étiez-vous dans la nuit du 20 au 21 octobre? »
Non, ça tout le monde s’en cogne. « Est-ce que le temps est meilleur? Est-ce qu’il permet de continuer au moins?
(Lionel) Mes fesses ouais! Il est pareil si ce n’est pire.
(Véronique) S’en suit un débat/prise de tête entre l’Ami Rémi et moi-même. J’écoute les Corses et ma conscience. Je suis insouciant, pas inconscient. Si même les guides ne passent pas par les crêtes, si personne d’ailleurs ne passe pas par les crêtes (hormis un homme guidé par une puissance supérieur dont je parlerai ultérieurement), et bien je ne passerai pas par les crêtes.
Rémi l’entend d’une autre oreille. Bah, laquelle?
Il est pour passer par les crêtes. Blasé, saoulé, j’imagine par la fatalité de la décision qu’il sait qu’il doit prendre il me lâchera même un « Tais-toi », pendant la démonstration de ma thèse.
Le Kid, uniquement par sa présence et sa prestance fait office de médiateur et évite même que, choqué, énervé, un petit: »Mange tes morts » ne soit lâché en réponse par moi même, précédent un petit étranglement pendant lequel je hurlerai en bavant: »J’ai pas dormi, je suis dégoûté de ne pas faire les crêtes, je suis instable! »
Il n’en sera rien. Amis et adultes que nous sommes, nous nous raisonnons, nous expliquons, nous pardonnons.
Nous irons jusqu’à un embranchement où nous pourrons choisir entre commencer les crêtes ou prendre une variante en fonction du temps.
Voilà notre décision.
Sinon, moyennant la somme de 10€ par personne, une navette peut nous emmener de Basseta à notre destination de fin de journée prévue. Nous économisant 30 kilomètres.
C’est une offense de ta part de penser qu’on a,ne serait-ce qu’imaginer accepter ce plan machiavélique.
Jamais! Comme crierait Harry dans Maman j’ai raté l’avion.
Il pleut, il mouille, c’est pas notre fête.
On enfile des ponchos de pluie. Enfin, le Kid et l’Ami en enfilent un. Je mets sur mon dos une sorte de sac poubelle dégueulasse, de couleur verte claire encore plus dégueulasse.
« T’es pas là pour un défilé de mode. » Pourrait me dire quelqu’un avec une voix nasillarde et dédaigneuse.
Non, effectivement, mais crois-moi que ce que je porte est un crime pour les yeux et un profond manque de respect pour la beauté Corse.
OSEF comme dirait les gens branchés.
On prend la route, sous la pluie. Une vraie pluie bien mouillante.
Pour tout te dire on goûte à différentes pluies, de la grosse goutte, de la fine, une sorte de brume, et comme dirait Forest Gump, on a même vu une pluie qui semblait venir d’en bas.
On monte, on descend dans un paysage sans doute beau en plein soleil.
Je t’avoue que j’avais plus(se) l’impression d’être dans un décor où le chien des Baskerville aurait pu surgir pour nous becter.
Le vert des arbres, le jaune de la végétation, le gris des pierres, le blanc du ciel, semblent tous avoir perdu de leur éclats avec la brume. Un peu comme les vêtements dans la pub quand la maman n’utilisait pas Mir express.
Je suis content d’être ici malgré tout. Je me dis que je me sens capable d’aller au bout.
Mais où suis-je d’ailleurs?
On papote, on papote et on ne se rend pas compte du chemin parcouru.
On est à l’embranchement en question.
Les crêtes ou la variante?
Le risque ou l’inconnu?
Nous sommes sous un bel arbre, des vaches avec nous. Elles nous regardent se demandant ce qu’on attend.
Il pleut toujours.
Le Kid, l’Ami et moi tombons d’accord.
Nous prenons une direction. Laquelle?
La prochaine fois je te le dirai.
En parlant de vaches, comme l’avait dit un pote à moi: « T’as déjà fait une baston de regard avec une vache? Elle gagne toujours. »
C’est vrai. Si t’as l’occasion essaye.
Et si tu veux lire le récit précédent, c’est là:Le Moine, le Kid, l’Ami, le GR20 et moi Chapitre 3-Suivez le Kid
Le suivant peut-être: Le Moine, le Kid, l’Ami et moi. Chapitre 5-Chaud ce Moine
2 Replies to “Le Moine, le Kid, l’Ami, le GR20 et moi Chapitre 4 – Détour et des choix”