Et ouais il est long cet article! Et?
On m’a dit que les Russes étaient froids, peu chaleureux, fermés.
Oui. Fin du texte.
Mais non ! Quand une quadragénaire Russe que tu connais à peine depuis 2 heures te montre sa chatte, tu ne peux pas dire que ce peuple est glacial.
Quoi ? J’y reviendrai, plus tard.
Pendant la traversée de la Russie en train, on a rencontré beaucoup de monde, beaucoup de Russes, et peu de cons. Mais vraiment.
Ci-dessous, 3 histoires de train avec des Russes qui m’ont marqué et qui me font me dire : « Attends, mais qui trouve qu’une majorité de Russes est froide ? »
La famille d’Anchor
« Qui est-ce ? »
1 daron et ses 2 enfants, fermiers jusqu’au bout des bottes, dotés d’un pouvoir surnaturel: la générosité. (3ème transformation, cheveux longs, plus de sourcils)
« Tu les as rencontré où?
-Pendant le trajet, Varsovie-Moscou en train. »
Je me demande ce qu’il y a à manger.
La responsable du Wagon, parce que chaque wagon a son ou sa responsable, ne sait dire que « french » en souriant. Elle ne comprend évidemment rien, comme on peut s’en douter, quand je lui demande ce qu’il y a à manger puisqu’elle me sort une tasse et des chaussons.
Je commence à manger le premier chausson quand j’en eu fini avec la tasse. Bah non, en vrai, je lui ai dit que je ne voulais pas de ce qu’elle proposait.
Passe alors par là, celui que je nommerais Anchor. Pourquoi ? Parce que.
Anchor, une dégaine de fermier gentil, 2 ou 3 ratiches qui courent après le bifteck. Il veut savoir ce qu’il se passe, mais il ne parle aucune langue terrienne, enfin si le Russe.
Il appelle son fils Dimitri aka Dima, qui arrive à la rescousse. À la rescousse de rien du tout, ouais !
Dima est un mélange de Freddy Mercury blond et Viggo Mortensen dans GI Jane. Chelou.
Le frère de Dima et donc fil d’Anchor arrive aussi, ne me demande pas pourquoi, je l’ignore.
« Pourquoi ?
-Je l’ignore ! »
Le frangin, on dirait Dima que la main de la nature a étiré comme on étirait Stretch Armstrong, étant petit.
À partir de ce moment et pendant d’interminables heures de bonheur, nous avons assisté à un violent déferlement de générosité. Une orgie de gentillesse.
Tout à commencé, par un simple et thé.
Pourquoi l’a-t-on accepté? Putain!
Ont suivi, du jambon, des saucisses, du pain, des beignets, des cakes, des gâteaux, du poulet, des sodas, de la bière, une visite de Brest en Biélorussie pas en France, une liste détaillée des choses a faire en Russie, un accompagnement personnel jusqu’à la gare de métro de Moscou, du thé, du thé, du thé. Je le vomis le thé tellement j’en ai bu, tu comprends ca?! Je veux plus en boire, tu m’entends? Pitié.
Bref, dès qu’il y avait une brèche, c’est-à-dire à chaque fois qu’on acceptait quelque chose de leur part, la famille d’Anchor s’infiltrait comme ces salauds d’Orques et autres raclures dans le gouffre de Helm, et en profitait pour nous offrir d’autres choses. On acceptait un thé, on avait des croquettes de poulet panée, plus des blinis, plus des gâteaux, plus du putain de thé. Mais c’est quoi ce délire avec le thé ?!
Si Anchor nous proposait une sorte de crêpe dans un magasin et que nous refusions, et je te jure que c’est vrai, donc crois moi, il achetait l’étalage entier, t’as bien entendu, E-N-T-I-E-R. J’avais presque l’impression qu’il fonctionnait à l’envers. Mais c’est sûr, en fait !
À un stop, j’ai voulu retirer de l’argent pour m’acheter une boisson, ma boisson perso. Il m’en a empêché, presque agressivement, insistant pour m’offrir cette foutue canette. Incroyable. Bah, il faut que tu y crois parce que c’est vrai.
C’en fut trop, je l’ai démonté ce vieux Russe, et quand j’en eu fini de lui, j’ai ruiné ses deux fils. Généreux de merde !
Bah non, en vrai non, j’étais forcé d’accepter, gêné.
Le pire, c’est qu’en retour, ils n’acceptaient rien, ne voulaient rien, n’attendaient rien. Tout ça était gratuit, de la pure gentillesse. J’en chialerai presque.
Je les prendrai bien dans mes bras musclés.
À la fin, on a voulu les remercier et prendre leur contact, ils n’avaient pas le temps. Nous leur avons offert une simple poignée de main et des « merci » à tire-larigot. Traitez-moi de crevard. Je me sentais comme ça devant tant de cœur.
Soit beaucoup de russes sont profondément gentils, soit ces 3 Russes ont été crée dans un seul but: Nous rendre heureux.
J’opte pour la seconde hypothèse.
Andreï aka « Jenemangepascijour »
Vétéran d’Afghanistan, ex-videur de boite, mangeur de cobras. Aime l’alcool, sauf le brut.
Tu l’as rencontré où ?
Pendant le voyage Ekaterinbourg-Novosibirsk avec une vingtaine d’heures de train.
Le couloir est assez étroit dans le wagon. Non pas que je sois ultra imposant, enfin, je suis athlétique attention, on s’en fout en fait.
Donc, couloir étroit, avec mon corps, si je croise quelqu’un je suis obligé de le laisser passer ou alors on se frotte fort.
Vu la tronche et le physique de cogneur de gueule de mon futur pote qui veut passer en même temps que moi, je le laisse passer.
Eric Champ+Liam Neeson+ Dolph Lundgren = Andreï
Il me balance quelque chose en Russe en même temps qu’un gros coup de son agréable haleine chargée.
Si tu fais un trou dans un fut où un alcool très fort vieilli, que t’y mets ton nez et que tu respires un grand coup, t’auras une idée de ce que j’ai ressenti.
Il se met à me parler. Je lui dis que je ne comprends pas le Russe, en Anglais. Il me demande, en Anglais, d’où est-ce que je viens. Je commence à avoir peur. Je lui dis que je suis français. Il me kiffe.
Il me dit: » Assied toi! » ce qui ressemblait plus a un ordre. Je m’assois en sur la banquette en face de lui, à côté de moi, il y a Galina. Une femme d’une cinquantaine d’années. Je pensais que c’était sa femme. Je découvrirai le lendemain qu’il ne la connaissait pas. La pauvre.
Si t’es perspicace, tu te dis qu’Andreï parle français.
Oui, enfin il a des restes.
Il l’avait étudié plus jeune il y a 35 ans quand il avait 10 ans.
Quoi ?! Il n’a que 45 ans! Il est fait 10 de plus. Pas dû avoir une vie facile lui…
Mon binôme nous rejoint. On échange avec cet ex-soldat de l’armée rouge. Il a un fils avec un physique de déménageur, les chiens ne font pas des chats, et 2 autres qui ne semblent pas être des gringalets non plus.
Andreï est gentil, il nous propose/impose de boire de sa vodka. En 3 verres de cul sec chacun, elle disparaît tandis qu’apparaissent les premiers effets de cet affreux breuvage.
Andreï nous parle, nous gueule dessus, nous balance des mots et des phrases en Français. Des comptines aussi. Il rit. Nous aussi.
Quand je lui dis : « Mon prénom c’est Youri. » Il est aux anges. C’est Russe, c’est génial, blabla!
Mais pourquoi ce con m’appelle « Youra » alors?!
D’ailleurs pourquoi les Russes m’appelle tous comme ça??? Je ne le sais toujours pas.
Andreï me crie : » YOURA!
– Oui? Lui réponds-je.
-Je ne mange pas ci jour! » (Je ne sais pas ce à quoi il fait référence.)
Et il éclate de rire. Mais attention pas le petit rire discret, non, non, le rire gras, fort. Il rit en gesticulant comme si j’avais sorti la meilleure blague du monde…
« J’ai rien dit ducon ! » (En mon for intérieur.)
Parce qu’en vrai, je ne lui dis pas ça et comme une grosse victime je fais semblant de rire, comme si j’avais compris sa référence, sa blague…
Ouais et j’ai bien déconné de faire semblant de comprendre parce que pendant des heures, il m’a ressorti cette phrase toutes les 5 minutes, et toutes les putains de 5 minutes j’ai du faire semblant de rire avec lui.
Il nous a offert du « salo ».
» Et c’est quoi ?
-J’en sais rien moi, une sorte de porc mariné qui vient de son bled et qui se mange froid.
-C’est comment ?
-Putain c’est dégueu. C’est comme si tu prenais les morceaux de gras du porc, avec le plus de couenne possible et que tu les faisais tremper dans une marinade… »
Il nous force à en manger avec gentillesse, il nous gueule dessus sans cesse et rit encore. Au moins, il est heureux. Tout le wagon l’entend, certains lui demandent de se faire. Il n’en à rien à foutre, mais alors il s’en tape à un point que tu n’imagines pas.
Comme cette gentille brute doit déjà avoir une ou deux autres bouteilles de vodka dans le cockpit, il commence à devenir rouge, à baver un peu en mangeant, mais en restant adorable avec nous.
Il est à la lutte avec un morceau de porc. Il l’a coincé entre ses dents et tire avec ses doigts. Le lien entre La viande/ le gras cède et un morceau est éjecté comme le projectile d’un lance-pierre. Au bout de la trajectoire, il y a la tronche de Galina.
« Bim, tiens Galina, prends ce morceau de couenne dans ta gueule!
Il s’en fout. Il rit.
« Youra, je ne mange pas ci jour. »
Sourire forcé de ma part.
On passe beaucoup de temps avec lui. On va au wagon restaurant parce qu’il a un peu soif et qu’il n’a plus de carburant.
À une table près de nous, un Russe, Michel Galabru (RIP) en mafioso, nous regarde, se lève, s’approche de moi. Dans un Anglais de Russe de films d’actions des années 1990 il me demande d’où je viens. Je lui réponds. Je lis dans son regard, vraiment intelligent, une forme de respect.
Le Galabru sicilien se lève, doucement, va au bar et reviens. Il me dit solennellement: « Si les Russes et les Français s’alliaient vraiment, nous serions invincibles. » Il me regarde dans les yeux, avec un putain de regard qui me donne envie de le soutenir et me lance :
» J’ai beaucoup de respect pour vous. »
Il me serre la main, pose une bouteille de champagne sur notre table, nous dit bonsoir et s’en va, sans se retourner. Classe.
Andreï à déjà attaqué une salade qu’il a commandé et que nous allons payer, et essaye de boire la moitié de la bouteille de champagne cul sec.
Le con.
Tel un dragon, l’alcool lui ressort par le pif par 2 jets puissants.
Il émet une sorte de grognements en même temps qu’il essaye de récupérer un peu de champagne avec ses mains. Trop mignon!
Il est désolé de son comportement et trouve comme seule excuse:
« Je n’aime pas le brut ».
Après quoi il nous serre la main à plusieurs reprises avec une paluche trempée de champagne et de jus de nez.
Pendant toute la soirée, il va nous raconter ses histoires, de guerres, de famille, de vie. Il va commander des bières, mélanger de la blonde avec de la brune. Bah quoi? Il s’en tape, il veut juste se désaltérer.
Ouais il est brut, ouais il crie, ouais il m’a bavé, gueulé dessus, ordonné des choses, jeté du porc sur une pauvre dame, mais il est super attachant, vraiment. J’ai décelé une forme de douceur dans sa rudesse, une générosité dans l’échange humain, un type dur mais tendre.
J’ai passé un bon moment avec ce gentil bourrin qui voulait juste nous faire partager sa vie et sa boisson. Comme un gentil campagnard de chez nous.
T’arrives encore à me dire que les Russes ne sont pas amicaux ?
Alexander et Olga. (Pour finir en douceur)
Alexander, le visage et physique de Kim Kallstrom la coupe de Justin Bieber, la couleur de cheveux de Paul Bettany. Un amour de hooligan du CSK Moscou qui pratique le sambo.
« C’est quoi le sambo?
-Un truc qui veut dire qu’il te nique en baston.
Olga, quadragénaire, coiffeuse, la même tête qu’une ancienne assistante maternelle de ma mère (ça t’aide pas), la matérialisation de la douceur.
« Tu les as rencontré où ? »
On a partagé notre compartiment avec eux pendant notre premier tronçon de transsibérien. Ils ne se connaissaient pas.
Ils ne parlent que le Russe.
Pour se comprendre, on va surtout mimer, faire des bruits.
Notre trajet à été une longue partie de Time’s up, étape des mimes. (Je gagne très souvent, et ouais t’inquiètes.)
Le football, la bouffe c’est simple à expliquer, mais va expliquer le mot « cliché », l’expression » l’exception qui confirme la règle, une recette de cuisine, bah vas-y gros malin…
« Comment tu fais?
Bah, tu fais pas. T’évites des sujets.
Ces 2 gentils Russes ont eu la patience de nous écouter, de nous aider, et surtout de nous initier au transsibérien tout en douceur. Ils ont partagé un morceau de leur quotidien. Pour nous ils ont partagé plus que ça. Une partie de notre périple, une tranche de vie.
« Stp, commence pas à faire le mec qui essaye de donner de la puissance à tes phrases.
-Non, mais c’est vrai. »
Je reviens au récit.
Alexander aime cuisiner. Moi aussi.
Il m’a montré des photos de ses plus belles réalisations culinaires.
Chapeau, il sait cuisiner autre chose que du chou, de la patate et de la betterave le Candeborde de l’Oblast, hein ! (C’est très cliché ça !)
Au milieu de ses compositions en photo, il me montre une photo des boobs de sa copine.
« Quoi ?! »
Sans faire exprès, bien sûr.
Bah alors mon coquin!
Les Russes peuvent rougir.
Bref un type génial qui a rendu notre voyage plus drôle.
Pour finir, parlons d’Olga plus timide et qui parlait moins au début. Mais quand il fut question de parler d’un sujet qui la touchait plus, crois moi que ce ne fut pas la dernière à faire sa belle.
Elle m’ouvrir carrément les portes de son intimité.
Allongé dans son lit, c’est avec une certaine assurance qu’elle me montra sa grosse chatte.
Enfin, des photos. Tantôt étendue lascivement sur le dos, tantôt à 4 pattes, regardant l’objectif avec un regard implorant presque: » Caresse-moi. »
Quelle polissonne elle semble être !
Elle s’appelle Snowball parce qu’elle est toute blanche et un peu grasse.
« Attends mon pote, elle a donné un nom à sa chatte. Et elle est blanche et grasse, c’est dégueu. Putain mec, Olga est vraiment louche…
-Attends, attends on parle de quoi là? Non, mais t’as cru que je publiais dans » Brigade mondaine » ou autre roman de boules ?! J’écris des articles qui parlent d’un voyage et de rencontres en l’occurrence… Donc oui, Olga a un animal de compagnie, oui, elle a un chat enrobé et blanc qui répond au nom de Snowball. Et quand Olga était allongée sur sa couche, elle m’a ouvert les portes de son intimité, de sa vie privée, puisqu’ elle m’a montré plein de photos de son animal, dont elle est folle. Donc, en racontant ça, je voulais montrer qu’Olga est l’exemple de la Russe qui, une fois la couche de glace brisée, t’ouvre grand les portes de chez elle.
« T’es allé chez elle ?
-Mais non, c’est une métaphore imbécile. Certains Russes peuvent paraitre froids, j’ai entendu glaciales, mais une fois qu’ils se sentent plus à l’aise, ils deviennent chaleureux au possible !
Donc, je te l’affirme, les Russes (Une grosse majorité) ne sont pas froids, fermés ou autre connerie. Bien au contraire. Merde.
Et si tu ne me crois pas, c’est pas grave, moi, je le crois. Enfin, maintenant, j’en suis sûr.
Youra